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Logement à New York après la pandémie : mission quasi impossible pour les locataires

MISE À JOUR

Louer un logement à New York a toujours été un sport de combat. Mais depuis la fin de la pandémie, c’est une mission presque impossible pour de nombreux locataires confrontés à une flambée des prix sans précédent.

Au printemps, lors de la renégociation des baux, Paula Sevilla, une jeune Espagnole, et ses colocataires ont reçu une augmentation de 800 dollars par mois pour rester dans leur appartement partagé à Brooklyn, le plus grand et le plus branché de la ville. cinq arrondissements de New York.

Ils se lancent alors dans une recherche effrénée d’un nouveau logement : après deux mois de visites – souvent sans fenêtre, à la limite d’un logement insalubre – de longues files d’attente et des candidatures de plus en plus exigeantes, ils sont sélectionnés pour un trois pièces à 3 000 dollars par mois.

« Nous avons ‘perdu’ un appartement pour avoir postulé… quatre minutes trop tard », a déclaré à l’AFP l’Espagnol de 26 ans, New-Yorkais d’adoption.

Sur un marché de l’achat quasiment inaccessible aux classes moyennes, trouver la perle rare à louer a toujours été un défi dans cette ville mythique, pôle économique et culturel mondial mais aux inégalités socio-économiques criantes.

Après une petite accalmie en 2021, à la fin de la pandémie de COVID-19 qui avait mis la mégalopole à genoux et forcé des dizaines de milliers de familles à fuir, les prix des loyers ont bondi sur un an de 20,4% au deuxième trimestre de cette année, selon au site immobilier StreetEasy.

Les propriétaires — parfois des fonds d’investissement cachés derrière des agents immobiliers et autres « courtiers » — exigent un salaire annuel représentant 40 fois le loyer mensuel, pas de dette, des relevés bancaires et des formulaires fiscaux presque parfaits.

Paula Sevilla gagne 75 000 $ par an, légèrement au-dessus du salaire médian à New York. Mais pas assez pour louer seul. Les locataires doivent aussi parfois verser des commissions aux agents, représentant un mois de loyer, voire 15 % du coût annuel.


Il faut ajouter un contexte économique inflationniste, la mauvaise qualité de construction des bâtiments en matière d’isolation thermique et phonique, notamment à Brooklyn et dans le Queens, et une pénurie chronique de logements neufs dans une mégalopole de 8,5 millions d’âmes. . Il y avait 340 000 manques à gagner en 2019 pour toute la région métropolitaine de New York, selon le centre de recherche Washington Up For Growth.

« Trop de clients et pas assez d’appartements »

Il y a « trop ​​de clients et pas assez d’appartements », résume simplement Miguel Urbina, agent immobilier.

La municipalité de New York — ville qui penche à gauche — a imposé des loyers « stabilisés » pour un million de logements et deux millions de locataires.

Mais les prix, qui dépendent d’un vote du conseil municipal à majorité démocrate, ne sont pas bloqués.

Sous le maire très à gauche Bill de Blasio (2014-2021), les loyers « stabilisés » n’ont augmenté que de 1,5 % sur un an. Sous son successeur à l’aile droite du Parti démocrate, l’ancien policier afro-américain Eric Adams, les prix s’envolent comme ils ne l’ont pas fait depuis au moins dix ans (de +3,5 % à +5 % en juin sur un an).

A Manhattan, une famille consacre 55% de ses revenus au logement. Le taux atteint 60% à Brooklyn et 43% dans le populaire Queens, selon les données de StreetEasy, qui dénonce « une énorme charge financière ».

L’île de Manhattan, poumon financier des Etats-Unis, propose de petits appartements pour 5.000 dollars en moyenne par mois, a expliqué à l’AFP l’agent immobilier Gea Elika. Il y a aussi des duplex géants avec terrasses autour de Central Park sur la fameuse 5ème avenue proposés à… 140 000 dollars par mois.

De quoi pousser les classes moyennes et les jeunes générations vers des communautés plus défavorisées où vivent des communautés afro-américaines, hispaniques et asiatiques, alimentant la gentrification.

Et les perspectives sont sombres : la « skyline » de Manhattan, qui change presque à vue d’œil, concentre la construction de gratte-ciel de bureaux et d’appartements de luxe. Et malgré les chantiers de construction à Brooklyn, Queens et New Jersey de l’autre côté de la rivière Hudson, personne ne s’attend à ce que les prix ralentissent.

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